Le Shabbat est le jour de repos hebdomadaire pour les pratiquants du judaïsme. Il démarre le vendredi soir au coucher du soleil et se finit le samedi soir après l’apparition de trois étoiles moyennes, soit 40/50 minutes après le coucher du soleil. En hébreu, cela s’écrit (plus d’informations sur l’hébreu ici) :
שַׁבָּת
- Les racines bibliques
- Les travaux interdits
- Le déroulé de Shabbat : à la maison et à la synagogue
- Le cycle de lecture de la Torah
Les racines bibliques
Le Shabbat correspond à une obligation biblique énoncée par Dieu lui même lors de l’Exode ou « Noms » ou Shemot (les citations du Tanakh ou Ancien Testament sont toutes issues de la traduction dite Segond 21) :
Souviens-toi de faire du jour du repos un jour saint. Pendant 6 jours, tu travailleras et tu feras ce que tu dois faire. Mais le septième jour est le jour du repos de l’Éternel, ton Dieu. Tu ne feras aucun travail, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton esclave, ni ta servante, ni ton ton bétail, ni l’étranger qui habite chez toi. En effet, en 6 jours l’Éternel a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qui s’y trouve, et il s’est reposé le septième jour. Voilà pourquoi l’Éternel a béni le jour du repos et en a fait un jour saint.
Exode 20
Ainsi que dans le Deutéronome ou « Paroles » ou Devarim :
Respecte le jour du repos en en faisant un jour saint comme l’Éternel, ton Dieu, te l’a ordonné. Pendant 6 jours, tu travailleras et tu feras ce que tu dois faire. Mais le septième jour est le jour du repos de l’Éternel, ton Dieu. Tu ne feras aucun travail, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton esclave, ni ta servante, ni ton boeuf, ni ton âne, ni aucune de tes bêtes, ni l’étranger qui habite chez toi, afin que ton esclave et ta servante se reposent comme toi. Tu te souviendras que tu as été esclave en Egypte et que l’Éternel, ton Dieu, t’en a fait sortir avec puissance et force. Voilà pourquoi l’Éternel, ton Dieu, t’a ordonné de respecter le jour de repos.
Deutéronome 5
On retrouve également cette sanctification du septième jour dans le livre Genèse ou « Au commencement » ou Bereshit, premier livre de la Bible Hébraïque, en notant toutefois que ce jour (à la différence des passages du Deutéronome et de l’Exode) ne fait pas encore l’objet d’un commandement adressé aux Hommes :
C’est ainsi que furent terminés le ciel et la terre et toute leur armée. Le septième jour Dieu mit un terme à son travail de création. Il se reposa de toute son activité le septième jour et en fit un jour saint, parce que ce jour-là il se reposa de toute son activité, de tout ce qu’il avait créé.
Genèse 2

Les travaux interdits
A cette occasion un certain nombre de choses sont interdites. Le mot « travail » ayant une dimension plus large dans la tradition d’interprétation rabbinique que dans son sens courant. Le terme « travail » désigne assez largement toutes les activités créatrices qui visent d’une manière ou d’une autre à transformer notre environnement. Notons que la Bible Hébraïque ne précise pas en détail les interdits lors du shabbat, mais se contente de lister quelques interdictions comme le travail (sans plus de précisions), de se déplacer sur de longues distances, le labourage des champs ou encore allumer un feu. Voici les principales sources scripturaires de ces interdits :
Que chacun reste sous sa tente, que personne ne sorte de chez lui le septième jour
Exode 16
Ce passage est toutefois lié à l’épisode de la distribution de la manne dans le désert. Il faut donc le replacer dans son contexte. On trouve par contre deux autres passages qui précisent des interdictions pour le Shabbat :
Pendant 6 jours tu travailleras, et tu te reposeras le septième jour; tu te reposeras même à l’époque du labour et de la moisson.
Exode 34
Dans aucun de vos foyers vous n’allumerez de feu le jour du shabbat.
Exode 35
D’autres interdictions font ensuite leur apparition plus tardivement dans la Bible Hébraïque ou Tanakh. Comme par exemple dans le livre de Isaïe ou Yeshayahou, où il est mentionné ce qui semble être une interdiction de se déplacer :
Si tu retiens ton pied, pendant le shabbat, pour ne pas faire ce qui te plaît durant mon saint jour […] alors tu trouveras ton plaisir dans l’Eternel.
Isaie 58
Ou encore dans le livre de Jérémie ou Yrmeyahou avec l’interdiction de transporter des objets :
Ne portez pas de fardeau le jour du shabbat, n’en introduisez pas par les portes de Jérusalem ! Ne sortez de chez vous aucun fardeau, le jour du shabbat, et n’accomplissez aucun travail, mais faîtes de ce jour un jour saint, comme je l’ai ordonné à vos ancêtres.
Jérémie 17

Ces passages sont les seules interdictions clairement décrites dans la Bible Hébraïque. La mention et l’insistance sur l’absence de travaux agricoles à Shabbat dans le chapitre 34 de l’Exode est intéressante, car elle témoigne de la prise en compte de la réalité économique dans laquelle vivait les premiers israélites. A savoir une économie majoritairement agraire (agriculture et élevage) avec dans une moindre mesure l’existence d’activités artisanales (poteries, tissage, ébénisterie…) qui nécessitait une implication permanente et constante pour les premiers hébreux, car il n’existait à l’époque aucun filet de sécurité sociale ou même la notion de jours chômés rémunérés, il n’existait pas non plus de machines permettant éventuellement de compenser le retard pris lors de la récolte dans les champs par exemple. Ce repos mérité et sanctifié constitue donc une innovation (et une prise de risque) majeure dans le contexte économique de l’époque. On peut toutefois questionner son application pratique, notamment pour les éleveurs. En effet, certains animaux nécessitent obligatoirement une traite régulière deux à trois fois par jours. C’est le cas par exemple des vaches laitières ou des chèvres, qui non seulement vont souffrir du trop plein de lait, mais qui peuvent également développer faute de traites régulières un inconfort, des ecchymoses voire une maladie connue aujourd’hui sous le nom de mastite et potentiellement en mourrir si rien n’est fait. Le fait que parmi les premiers israélites se trouvaient de nombreux éleveurs devrait donc nous interroger sur les limites potentielles et l’application concrète de ce texte. Sur le thème de l’agriculture à l’époque de la Bible Hébraïque, vous pouvez cet article ici.

Le deuxième extrait mentionné, celui au chapitre 35, est sans doute celui qui a posé le plus d’interrogations. En effet, les auteurs de Bible Hébraïque n’ont pas jugé utile de décrire ou de raconter une journée type de Shabbat. La question se pose donc de savoir comment les premiers israélites pouvaient comprendre et mettre en oeuvre cette interdiction. Dans de nombreuses cultures anciennes, le foyer s’entendait comme un bâtiment ou toute structure hébergeant souvent une famille au sens élargie. On sait que ces foyers avaient aussi un rôle économique en plus de leur rôle d’hébergement, ce qui permet d’en déduire que la présence d’un feu pouvait avoir un rôle à la fois domestique (lumière, chaleur, cuisson des repas…) et un rôle productif (dans le cadre d’une activité artisanale). Le feu étant de surcroît un élément indispensable de la vie quotidienne à l’époque du fait de l’absence de l’électricité.

On peut donc avoir quelques difficultés à croire que les premiers hébreux pouvaient se passer totalement de feu pendant toute une journée (ce qui voudrait dire que les premiers hébreux avaient peut-être une approche plus pragmatique dictée par la réalité matérielle de leur époque en conservant/entretenant le feu en se gardant de l’utiliser pour des activités productives), tout en acceptant de ne pas fermer la porte à la possibilité qu’il consentaient réellement à ce sacrifice dans un but religieux, comme cela était le cas avec l’interdiction des activités productives et de plus parce que les problèmes posés par cette interdiction sont limités au premier soir de Shabbat. Plusieurs solutions pratiques (qui relèvent plus du compromis que d’une application stricte de l’interdit) pourraient avoir permises de respecter cette règle : préparer le feu avant Shabbat et simplement maintenir sa combustion, privilégier un feu communautaire pour limiter le travail individuel, ou encore (comme c’est le cas pour de nombreux Karaites, voir ici pour les courants judaïsme) préparer l’ensemble des repas et faire les préparatifs de cette journée en anticipant l’absence de feu dans une logique où il ne faudrait pas en faire (ni maintenir un feu existant).

Il serait aussi possible de penser qu’une pratique similaire à celle qui existe aujourd’hui avec les « shabbes goy » (en hébreu : שבת גוי), qui consiste à employer des non-juifs pour réaliser des travaux normalement interdits aux juifs, était déjà en place. Toutefois, cette pratique est interdite si on applique scrupuleusement les consignes bibliques pour Shabbat, dans la mesure où même l’étranger doit se reposer (le texte est sans ambiguïté sur ce sujet). Sa pratique actuelle n’est d’ailleurs pas exempte de critiques dans le monde juif. On notera également que la Bible Hébraïque, dans le livre des Nombres ou « Dans le désert » ou Bamidbar, mentionne l’obligation de réaliser des holocaustes le jour du Shabbat (et donc de faire un feu) :
»Le jour du sabbat, vous offrirez 2 agneaux d’un an sans défaut ainsi que, pour l’offrande végétale, 4 litres et demi de fleur de farine pétrie à l’huile avec l’offrande liquide. C’est l’holocauste du sabbat, prévu pour chaque sabbat en plus de l’holocauste perpétuel et de l’offrande liquide qui l’accompagne.
Nombres 28
Enfin, le livre du Lévitique mentionne l’obligation pour les israélites d’entretenir constamment la Menorah :
L’Eternel dit à Moïse: «Ordonne aux Israélites de t’apporter pour le chandelier de l’huile pure d’olives concassées, afin d’entretenir constamment les lampes. C’est devant le voile qui cache le témoignage, dans la tente de la rencontre, qu’Aaron la préparera, pour que les lampes brûlent constamment, du soir au matin, en présence de l’Eternel. C’est une prescription perpétuelle pour vous au fil des générations. Il arrangera les lampes sur le chandelier d’or pur pour qu’elles brûlent constamment devant l’Eternel.
Lévitique 24
Pour conclure sur la façon dont les premiers hébreux pouvaient mettre en oeuvre les deux règles essentielles du Shabbat (interdiction du travail et du feu), il est intéressant de noter que dans les Prophètes ou Neviim et les autres Ecrits ou Ketouvim les auteurs de la Bible Hébraïque se font l’écho du non respect du Shabbat par les israélites. Quelques exemples :
A la même époque, j’ai vu en Juda des hommes fouler le raisin dans les pressoirs pendant le sabbat, rentrer des gerbes et charger même du vin, des raisins et des figues, en plus de toutes sortes de produits, sur des ânes pour les amener à Jérusalem le jour du sabbat. Je les ai avertis, le jour où ils vendaient leurs denrées. Il y avait aussi des Tyriens, installés là, qui apportaient du poisson ainsi que toutes sortes de marchandises et qui les vendaient aux Judéens, et ce à Jérusalem, le jour du sabbat.
Je leur ai aussi donné mes sabbats pour que ce soit entre moi et eux un signe auquel on reconnaisse que je suis l’Eternel qui les considère comme saints.
»Cependant, la communauté d’Israël s’est révoltée contre moi dans le désert. Ils n’ont pas suivi mes prescriptions et ils ont rejeté mes règles, celles que l’homme doit mettre en pratique afin de vivre par elles, et ils ont violé sans retenue mes sabbats.
Ecoutez ceci, vous qui dévorez le pauvre et qui ruinez les malheureux du pays! Vous dites: ‘Quand le début du mois sera-t-il passé, afin que nous puissions vendre du blé? Quand finira le sabbat, afin que nous puissions ouvrir les greniers?
Amos 8
Cet état de fait soulève donc la possibilité que les règles de Shabbat aient pu poser un vrai problème d’application concret aux premiers israélites du fait de l’influence probable des cultures environnantes, d’une possible incompréhension mais également du fait des contingences matérielles et économiques de l’époque, même si il ne faut pas perdre de vue que les textes mentionnés plus haut s’inscrivent dans une théologie visant à expliquer la destruction des royaumes d’Israël et Juda par l’impiété de ses habitants. On peut donc supposer que les premiers israélites avaient probablement opté pour une solution de compromis entre le texte, leurs obligations religieuses et leur réalité matérielle. Toutefois, faute de précisions ou de documents de l’époque qui attesteraient de la mise en oeuvre de cette interdiction ce ne sont que des conjectures.

Le judaïsme a donc développé une tradition d’interprétation du texte biblique pour déduire le sens précis de ces interdits bibliques, mais également pour adapter ces interdictions en tenant compte des évolutions technologiques. On peut ainsi lister quelques interdictions qui découlent d’une adaptation à la modernité de ces commandements comme : allumer des lumières, utiliser des appareils électriques, fumer etc… Il y a en tout 39 catégories d’activités. On parle de melakhot (en hébreu : מלאכה), terme qui désigne de façon très large toutes les tâches accomplies dans un but spécifique; quand on utilise plutôt le terme avodah (en hébreu : עֲבוֹדָה) pour parler d’une corvée physique ou pénible. Voici une liste non exhaustive de ces activités (ces interdictions sont déduites par les sages du judaïsme dans le cadre d’interprétations ou bien déjà contenues dans le texte biblique) :
- Labourer/un champ
- Semer/des graines
- Moissonner (ou cueillir)/des fruits
- Lier en gerbes (amasser)
- Battre les céréales pour les dégager
- Vanner au vent
- Trier pour séparer grains et déchets
- Passer au crible pour trier
- Moudre/une graine ou une plante
- Pétrir/le pain
- Cuire au four/un plat
- Tondre/le gazon
- Laver la laine/laver un linge
- Peigner la laine
- Teindre la laine
- Filer
- Ourdir
- Faire des boucles de tissage pour lier/un nœud
- Tisser deux fils
- Séparer deux fils de la trame
- Faire un nœud
- Défaire un nœud
- Coudre deux points
- Découdre
- Capturer
- Abattre la bête (tuer)
- Écorcher ou dépecer
- Tanner
- Racler/gratter un fond de plat
- Tracer des traits, régler, retirer les poils
- Découper la peau
- Écrire plus de deux signes ou lettres
- Effacer plus de deux signes ou lettres (Gratter le parchemin pour écrire dessus)
- Construire
- Démolir (en vue de bâtir)
- Éteindre un feu
- Allumer un feu
- Finir une œuvre
- Transporter d’un domaine privé dans un domaine public, ou sur une distance de plus de quatre coudées dans le domaine public.
Pour conclure sur cette partie, notons que la majorité des courants qui se rattachent au judaïsme rabbinique sont d’accord sur ce concept des grandes catégories de travaux interdits, bien que l’on rencontre évidemment des différences dans leur interprétation entre les courants modernes.
Le déroulé de Shabbat : à la maison et à la synagogue
C’est donc un jour qui doit être consacré au repos, aux retrouvailles en famille et si possible à l’étude de la Torah. Au delà des interdits et autorisations, le Shabbat se veut comme un jour hors du temps et des contingences matérielles. On a l’habitude de se saluer par la formule « Shabbat Shalom » (que l’on peut traduire par « Bienvenue Shabbat ») qui s’ecrit en hébreu :
שַׁבָּת שָׁלוֹם
Dans les communautés ashkénazes, on utilise parfois la formule en yiddish qui correspond à :
Gut shabbes
Soit en hébreu :
גוט שבת
Et à la fin de Shabbat, on se salue par la formule « Shavua Tov » (soit « Bonne semaine ») qui se dit en hébreu :
שָׁבוּעַ טוֹב
Assez sommairement, voici comment peut se décomposer le temps de Shabbat à la maison :
- Vendredi : on a généralement déjà préparé les plats de Shabbat pour ne pas transgresser notamment l’interdiction de faire du feu le jour de Shabbat. Les plats sont souvent gardés au chaud à l’aide de plaques chauffantes qui restent allumées tout au long de Shabbat, cette façon de faire n’enfreignant pas l’interdiction de faire un feu (puisque l’interdit porte sur le fait de faire un feu et non de maintenir une flamme)
- Vendredi soir : on se rend à la synagogue pour assister à un office et on allume généralement deux bougies chez soi pour célébrer l’entrée du Shabbat. Le repas du vendredi soir est notamment marqué par la prononciation des paroles du Kiddouch (en hébreu : קידוש) avec une coupe de vin
- Samedi : on assiste également à un office le matin à la synagogue, ainsi que le samedi après-midi ou soir en fonction des horaires de la synagogue. En fonction de la communauté, un second Kiddouch peut être organisé après l’office du matin. Le samedi est un temps de repos généralement consacré à la famille et si possible à l’étude de la Torah
- Samedi soir : on fait une lecture de la Avdalah (en hébreu : הַבְדָּלָה) puis on clôture Shabbat en éteignant les bougies
Pour ce qui est de la cuisine, on a l’habitude de cuisiner un certain nombre de plats spécifiques (avec des variations entre ashkénazes et séfarades). En voici un tableau avec le nom en hébreu, sa translittération et son sens :
| Nom en hébreu | Translittération | Sens |
|---|---|---|
| חלה | Challah | Pain traditionnel tressé, consommé lors des repas. |
| יין | Yayin | Vin pour le Kiddush, la bénédiction du vin. |
| גפילטע פיש | Gefilte Fish | Poisson farci, souvent consommé en entrée. |
| מרק עוף | Marak Of | Soupe de poulet avec des kneidlach (boulettes de matza). |
| כרוב ממולא | Krauv Memula | Feuilles de chou farcies de viande et de riz. |
| סלט גזר | Salat Gezer | Salade de carottes râpées. |
| קוגל | Kugel | Pudding de pommes de terre ou de nouilles. |
| חומוס | Houmous | Purée de pois chiches avec tahini, huile d’olive, et citron. |
| חמין | Chamin (ou Cholent) | Ragoût de viande, haricots, pommes de terre, mijoté lentement. |
| סלט חצילים | Salat Chatzilim | Salade d’aubergines grillées. |
| בלינצס | Blintz | Crêpes fourrées, souvent au fromage. |
| קומפוט | Kompot | Dessert à base de fruits cuits. |
| כופתאות דגים | Kuftaot Dagim | Boulettes de poisson, souvent en sauce tomate. |
| צימעס | Tzimmes | Plat sucré de carottes et fruits secs, parfois avec viande. |
| בבקה | Babka | Gâteau brioché, souvent marbré de chocolat ou cannelle. |
Voici également la liste des bénédictions que l’on peut prononcer à ce moment là (les citations sont toutes issues d’une traduction automatique effectuée depuis la page Wikipédia anglaise relative aux bénédictions juives « List of Jewish prayers and blessings » ainsi que d’un Sidour (livre de prières juives, qui s’écrit en hébreu סִדּוּר); vous pouvez également retrouver une liste des bénédictions sur cette page) :
- Pour l’allumage des bougies :
Béni sois-tu, Éternel notre Dieu, Roi de l’univers, qui nous a sanctifiés par ses commandements et nous a ordonné d’allumer la ou les bougies de Shabbat.
- Pour le Kiddouch :
Béni sois-tu, Seigneur notre Dieu, Roi de l’Univers, qui nous a sanctifiés par ses commandements, qui a espéré pour nous et qui nous a investis avec amour et intention de son sabbat sacré, en mémoire de l’acte de la création. C’est la première des fêtes saintes, commémorant la sortie d’Egypte. Car Tu nous as choisis et tu nous as sanctifiés, parmi toutes les nations, et avec amour et intention Tu nous as investis de Ton Saint Sabbat. Béni sois-tu, Adonaï, Sanctificateur du sabbat.
- Bénédiction de la Avdalah :
Béni sois-tu, Éternel notre Dieu, Roi de l’univers, qui distingue entre le sacré et le profane, entre la lumière et les ténèbres, entre Israël et les nations, entre le septième jour et les six jours de travail. Béni sois-tu, Éternel , qui fais la distinction entre le sacré et le profane.

Les offices à la synagogue (en hébreu une synagogue se dit Bet Knesset, בית כנסת, que l’on peut traduire littéralement par « maison de l’assemblée ») obéissent à des ordres différents en fonction du moment de la journée. Les prières sont lues dans cet ordre si on suit le rite ashkénaze (vous trouverez à chaque fois la translittération et le nom en hébreu) :
- Office du soir (Ma’ariv ou מַעֲרִיב)
- Shema Israel (שְׁמַע יִשְׂרָאֵל) : prière centrale dans le judaïsme, elle est un hymne à l’unicité de Dieu et au monothéisme
- Shemoneh Esrei (שמנה עשרה) ou Amidah : il s’agit d’un ensemble de bénédictions que les fidèles prononcent le plus généralement debout. Le moment de la Amidah est facilement reconnaissable car les fidèles font d’abord trois pas en arrière puis trois pas en avant. Les bénédictions sont récitées dans la direction de Jérusalem, puis à la conclusion, les fidèles font trois pas en arrière et deux pas en avant
- Aleinu (עָלֵינוּ) : prière de conclusion de l’office
- Office du matin (Shacharit ou שַחֲרִית)
- Bénédictions du matin, que vous pouvez retrouver en détail sur la page dédiée aux bénédictions juives
- P’sukei d’Zimra (פְּסוּקֵי דְּזִמְרָא) : il s’agit de versets et cantiques tirés essentiellement du livre des Psaumes ou Tehilim
- Shema Israel
- Shemoneh Esrei ou Amidah
- Hallel (הַלֵּל) : prière composée de six psaumes, plus exactement les psaumes 113 jusqu’à 118
- Lecture de la Torah (voir ci-dessous l’ordre de lecture des passages de la Torah)
- Aleinu
- Ashrei (אַשְׁרֵי) : Psaume 145
- Office supplémentaire (Musaf ou מוּסָף) (Shabbat et jours fériés, récités après Shacharit)
- Shemoneh Esrei ou Amidah : dans la cadre du Shabbat ou des jours fériés, on fait tout simplement une répétition de la Amidah
- Aleinu
- Office de l’après-midi (Minchah ou מִנחַה)
- Ashrei
- Shemoneh Esrei ou Amidah
- Aleinu
Si vous assistez un jour à un office dans une synagogue, vous remarquerez que cela ne fonctionne pas comme à une messe à l’église ou à un culte protestant. Cela peut varier en fonction des communautés mais généralement les fidèles jouent un rôle plus important à la synagogue qu’à l’église ou au temple dans la mesure où le rabbin (que l’on appelle plutôt Rabbi en hébreu, רַבִּי) n’a pas forcément le rôle central pendant un office que peut occuper par exemple le prêtre ou le pasteur. De plus, l’organisation n’a rien de commun avec une église ou un temple. Ainsi, cela implique plusieurs choses. Tout d’abord, il n’y a pas un autel mais deux autres objets : ce que l’on appelle l’Arche Sainte ou Aron Kodesh (en hébreu : ארון קודש) généralement au fond de la synagogue et qui contient les rouleaux de Torah, et la Bimah (בימה) qui correspond à l’estrade où l’on dépose les rouleaux de Torah pour les lire et qui se trouve généralement au centre de la synagogue. Ensuite, les communautés ont souvent une ou plusieurs personnes qui ont le rôle de Chazan (חזון) à savoir une personne suffisamment qualifié (à savoir, maîtriser la prononciation en hébreu) pour mener la prière à la synagogue. On parle aussi de Shaliach Tzibur (שליח ציבור). Dans le cas où personne n’a cette qualité, c’est la personne la plus qualifiée qui doit s’en charger (par exemple le rabbin). Notons que dans des cas un peu extrême, un office peut tout à fait se dérouler sans rabbin du moment qu’une personne compétente pour mener l’office est là. Si vous assistez un jour à un office vous noterez que les comportements individuels sont beaucoup plus fluides.

Par exemple, tout le monde ne va pas forcément se lever comme c’est le cas à l’église ou au temple. Vous constaterez également que malgré le déroulé commun de l’office il arrive que certaines personnes fassent les prières à leur rythme. Enfin, et cela a fait l’objet de débats il y a quelques années dans certains communautés orthodoxes, les fidèles peuvent parfois parler entre eux ou se déplacer au cours de l’office (à l’exception en général du moment où on lit la Torah et lorsque le rabbin s’adresse à la communauté). On peut également préciser que les synagogues mettent en général à disposition des livres de prières, souvent en hébreu mais aussi en édition bilingue, que l’on appelle Sidour (סִדּוּר), et pour un certain nombre de fêtes on trouve ce que l’on appelle un Machzor (מחזור). Très généralement les hommes portent une kippa (כיפה) ainsi qu’un Talith (טַלִּית) ou châle de prière. Si vous n’êtes pas juif, dans le cas où vous êtes invité ou parce que vous êtes en cours de conversion, le Talith vous sera interdit dans la mesure où il marque l’appartenance au judaïsme, par conséquent seule la kippa vous sera demandé.

Cela peut varier en fonction des communautés (voir ici pour les courants du judaïsme) mais il n’est pas rare que les hommes et les femmes soient séparés par ce que l’on appelle la Mechitza (מחיצה) : il peut s’agir d’une barrière physique (comme un simple rideau) ou du fait qu’une partie de la synagogue est réservée aux femmes (on parle alors de Ezrat Nashim, en hébreu : עזרת נשים) . Enfin, notamment dans les communautés orthodoxes, vous noterez que les gens font attention à la façon de s’habiller : costume ou au moins beaux vêtements pour les hommes, Tzniut (צְנִיעוּת) pour les femmes à savoir notamment pas de décolleté, si possible bras couverts, port obligatoire d’une robe longue et parfois un fichu pour couvrir les cheveux. Comme indiqué plus haut, les fidèles sont beaucoup plus sollicités dans la mesure où deux actions importantes sont réalisées à la synagogue en particulier à Shabbat dans la mesure où l’on réalise la lecture de la Torah : la sortie des rouleaux de Torah (on appelle cela Hotzaat Sefer Torah, en hébreu : הוצאת ספר תורה) et leur lecture auprès de l’assemblée (on parle pour les fidèles qui « montent » à la Torah d’une Aliyah, en hébreu : עלייה, ou encore de Aliyah laTorah, en hébreu : עלייה לתורה). Ces deux missions sont généralement accomplies par les fidèles à tour de rôle. Il est de coutume dans de nombreuses communautés de faire un don à la synagogue après être monté à la Torah. Le rabbin intervient généralement pour guider la lecture de la Torah et réalise ensuite un court commentaire du texte qui vient d’être lu. Enfin, après le service, vient le moment des annonces communautaires puis les fidèles ont l’habitude de se saluer entre eux par un cordial « Shabbat Shalom ».
Le cycle de lecture de la Torah
Chaque semaine, on lit ce que l’on appelle les parashiot (ou parasha au singulier, en hébreu cela s’ecrit ainsi : פָּרָשָׁה). Il s’agit de sections de la Torah lues lors des offices. Pour que la lecture de la Torah soit faite, il faut un quorum de dix hommes juifs (ou femmes dans le judaïsme libéral, voir ici pour les courants du judaïsme).

On parle en hébreu de mynian (מִנְיָן). Voici un tableau récapitulatif des parashiot avec le nom du livre, le nom de la parasha en français (qui correspond à une translittération de l’hébreu) et en hébreu (plus d’informations sur l’alphabet hébraïque à cette adresse) ainsi que la numérotation des sections. Sont disponibles des résumés de chacune des parashiot en cliquant simplement sur le nom de la parasha. Le tableau est issu de la page Wikipédia « Parasha de la semaine » :
| Livre | Nom de la Parasha | Section de la parasha |
|---|---|---|
| Sefer Bereshit (Genèse) | Bereshit, בראשית | Genèse 1:1-6:8 |
| Noa’h (Noé), נח | 6:9-11:32 | |
| Lekh Lekha, לך לך | 12:1-17:27 | |
| Vayera, וירא | 18:1-22:24 | |
| Haye Sarah, חיי שרה | 23:1-25:18 | |
| Toledot, תולדות | 25:19-28:9 | |
| Vayetze, ויצא | 28:10-32:3 | |
| Vayishla’h, וישלח | 32:4-36:43 | |
| Vayeshev, וישב | 37:1-40:23 | |
| Miketz, מקץ | 41:1-44:17 | |
| Vayigash, ויגש | 44:18-47:27 | |
| Vaye’hi, ויחי | 47:28-50:26 | |
| Sefer Shemot (Exode) | Shemot, שמות | Exode 1:1-6:1 |
| Va’era, וארא | 6:2-9:35 | |
| Bo, בא | 10:1-13:16 | |
| Beshalakh, בשלח | 13:17-17:16 | |
| Yitro, יתרו | 18:1-20:23 | |
| Mishpatim, משפטים | 21:1-24:18 | |
| Teroumah, תרומה | 25:1-27:19 | |
| Tetzave, תצווה | 27:20-30:10 | |
| Ki Tissa, כי תשא | 30:11-34:35 | |
| Vayaqhel, ויקהל | 35:1-38:20 | |
| Peqoudei, פקודי | 38:21-40:38 | |
| Sefer Vayikra (Lévitique) | Vayikra, ויקרא | Lévitique 1:1-5:26 |
| Tzav, צו | 6:1-8:36 | |
| Shemini, שמיני | 9:1-11:47 | |
| Tazria, תזריע | 12:1-13:59 | |
| Metzora, מצורע | 14:1-15:33 | |
| A’harei Mot, אחרי מות | 16:1-18:30 | |
| Kedoshim, קדושים | 19:1-20:27 | |
| Emor, אמור | 21:1-24:23 | |
| Behar, בהר | 25:1-26:2 | |
| Be’houkotaï, בחוקותי | 26:3-27:34 | |
| Sefer Bamidbar (Nombres) | Bamidbar, במדבר | Nombres 1:1-4:20 |
| Nasso, נשא | 4:21-7:89 | |
| Beha’alot’kha, בהעלותך | 8:1-12:16 | |
| Shla’h lekha, שלח לך | 13:1-15:41 | |
| Kora’h (Koré), קרח | 16:1-18:32 | |
| Houkat, חקת | 19:1-22:1 | |
| Balak, בלק | 22:2-25:9 | |
| Pin’has, פנחס | 25:10-30:1 | |
| Matot, מטות | 30:2-32:42 | |
| Massei, מסעי | 33:1-36:13 | |
| Sefer Devarim (Deutéronome) | Devarim, דברים | Deutéronome 1:1-3:22 |
| Va’et’hanan, ואתחנן | 3:23-7:11 | |
| Eikev, עקב | 7:12-11:25 | |
| Re’eh, ראה | 11:26-16:17 | |
| Shoftim, שופטים | 16:18-21:9 | |
| Ki Tetze, כי תצא | 21:10-25:19 | |
| Ki Tavo, כי תבוא | 26:1-29:8 | |
| Nitzavim, ניצבים | 29:9-30:20 | |
| Vayelekh, וילך | 31:1-31:30 | |
| Haazinou, האזינו | 32:1-32:52 | |
| Vèzot HaBerakha, וזאת הברכה | 33:1-34:12 |
Il est important de noter que le texte qui est lu à la synagogue ne comporte aucune voyelle. Les fidèles qui lisent la Torah doivent donc apprendre au mieux la prononciation de chacun des mots. Le texte étant parfois chanté, le fidèle qui lit la Torah est souvent accompagné d’un assistant qui par des signes de mains lui indique comment trouver la bonne tonalité. Chaque portion de la Torah est accompagnée d’un passage tiré des autres livres de la Bible Hébraïque (pour rappel, la Bible Hébraique est composée de trois grands ensembles : la Torah (qui regroupe les cinq premiers livres de la Bible Hébraïque, et qui forme le socle des lois du judaïsme), les Prophètes (ou Néviim) et les Autres Ecrits (ou Ketouvim)). On appelle cela des haftarot, ou haftara au singulier (qui s’écrit en hébreu הפטרה). Ces lectures visent à créer du lien entre les passages de la Torah qui sont lus chaque semaine à la synagogue et d’autres passages de la Bible Hébraïque. Concernant les haftarot, je vous invite à vous procurer un Houmach (en hébreu : חומש) pour connaître et explorer l’ensemble des haftorot liées aux passages de la Torah.
Pour aller plus loin sur le sujet de Shabbat, je vous invite à lire les cinq ouvrages suivants :
- « Fêtes juives » dans les Cahiers Evangile aux éditions du Cerf
- « Le Judaïsme dans la vie quotidienne » d’Ernest Gugenheim
- « Le Judaïsme : Histoire, fondements et pratiques de la religion juive » de Quentin Ludwig dans la rubrique dédiée au Shabbat
- « Le Chabbat : le don du repos » de Bonnie Saul Wilks
- « Le Judaïsme : pratiques, fêtes et symboles » de Hélène Hadas-Lebel
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